Croisière en voilier.

Yanick :Passionné de voile, j'ai lu beaucoup de récits de familles vivant sur leur bateau à parcourir les océans et à découvrir au fil du temps les escales merveilleuses que nous offre notre planète,  mais je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer directement ces voyageurs un peu particuliers. C'est ainsi que par hasard, je découvre la page « Julo autour du monde » qui me donne un avant-goût de vacances peu ordinaires. Après de multiples annulations de billets liées à la crise sanitaire, me voici donc arrivé à Athènes où je fais la connaissance de Thierry qui sera mon co-équipier. Il est récidiviste, c'est pour dire qu'il a dû apprécier ses précédants séjours. Direction l'île de Kithira au sud-est Péloponnèse, heu non, vu l'ouragan qui a sévit dans la région, Julo s'est mis à l'abri et nous prenons donc un ferry-fly pour Poros, à 1 heure au sud d'Athènes. Sur le quai nous attend Didier, notre capitaine au long cours,  qui avec son annexe nous amène enfin sur julo mouillé de l'autre côté de la baie où nous sommes également gentiment accueillis par Annie, notre cuisinière en chef. Ce soir, ça sera apéro d'accueil puis Coca (recette nord africaine), sans oublier le dessert pour bien terminer le repas. Puisque je m'intéresse à la navigation, Didier m'apprend à tracer la route que nous allons parcourir le lendemain, en tenant compte des éléments : météo, vent, intérêt des mouillages pris sur navily.com … « Attention à garder une distance respectable des côtes, tout en optimisant les trajectoires ». Je commence à sentir l'expérience hors du commun de notre navigateur qui se fie plus à son filling qu'à ses instruments. Ah, j'oubliais de décrire Julo, un Gib'Sea 126, chaleureux bateau de propriétaires, suffisamment spacieux pour que chacun ait sa cabine individuelle. C'est dans un carré spacieux, que nous passerons nos soirées bien animées ou à faire des parties de Rummikub interminables. La bibliothèque bien fournie en documents sur la voile, en guides touristiques, en recettes de cuisines ou en romans suffirait à nous occuper toute une traversée, mais nous sommes surtout venus pour farnienter un tant soit peu et profiter de la beauté des côtes de Grèce où il fait doux vivre. Pas question de quitter cette magnifique baie de Poros, sans visiter le petit village tranquille et se ravitailler au marché de produits locaux ! Le lendemain, comme tous les autres matins, notre couple bien rodé se partage les tâches : Didier dans son costume de chef nous confectionne une salade de fruits frais et Annie prépare le café avant que le poisson du bord ne fredonne « I'm singing in the way » pour réveiller l'équipage. Après ce petit déjeuner copieux agrémenté de confitures ‘maison', petit bain matinal où Annie fera sa petite gym aquatique pendant que Thierry nous offrira quotidiennement le spectacle de  se raser tout en flottant autour du bateau. J'en profite pour faire quelques longueurs de brasse, histoire de faire un peu d'exercice. Une fois tout le monde remonté à bord, enfin, nous mettons les voiles pour découvrir notre prochain mouillage. Annie et Didier nous montrent leur technique particulière qui consiste à remonter le mouillage sans forcer sur le guindeau et à hisser la Grand-Voile à enrouleur tout en préservant le matériel qui chaque jour remplit sa fonction à condition qu'il soit utilisé convenablement. C'est la règle d'or pour ces aventuriers qui vivent constamment sur leur bateau. Allez, n'oublions pas de dérouler le génois tout en conservant un dernier tour pour ne pas détériorer le guindant. Et bordons maintenant pour avoir notre Julo qui file bien ses 6 knts sur l'eau. Après quelques heures à la barre pendant que Thierry surveille sa ligne qui traine à l'arrière du bateau tout en parcourant les pages de son roman, nous arrivons dans une petite crique  tranquille où nous pourrons nous baigner à l'abri des regards, dans cette eau si chaude que l'on y resterait une éternité. Comme tout au long du séjour, Annie passera une bonne partie de son temps dans sa petite cuisine très fonctionnelle où chaque ustensile a sa place, à nous concoqueter des recettes  méridionales tellement appétissantes que l'on sera obligé de se resservir ! Ainsi, ce seront de copieuses et jolies salades agrémentées tantôt de mini cakes au roquefort, poires et noix, tantôt de graines ou de fruits secs qui feront varier les plaisirs de nos repas pris dehors dans le cockpit, pendant que le pilote automatique guidera notre voilier sur la trajectoire déterminée la veille. C'est ainsi que se déroulent les journées, rythmées par les paysages qui défilent au grès du vent ou du moteur, les siestes ou lectures sur le pont, les baignades à l'arrivée et les délicieux repas pris à bord. Après 3 jours de navigation, nous traverserons le détroit de Corinthe, puis longerons le nord Péloponnèse pour arriver à Galaxidi, un charmant village près de Delphes et le temple d'Apollon que nous visiterons Thierry et moi. Puis nous irons déguster des glaces sur l'ile de Trizonia. L'arrivée dans l'estuaire de Missolonghi nécessitera une navigation précise, toujours très bien conseillé par Didier. Après une escale sur l'ile de Petalas où paissent paisiblement quelques chèvres et vaches dérangées seulement par les plaisanciers, nous arrivons enfin à Argostoli, un port important  sur l'ile de  Céphalonia. Très sauvage et montagneuse nous découvrirons cette île le lendemain en louant une voiture, avant le retour vers Athènes puis la France. Nous n'oublierons pas la pêche miraculeuse de notre capitaine, puis les autres petites prises de Thierry qui nous ont permis de manger du thon, du thon et encore du thon  à toutes les sauces. Quel régal !!! Ca ne peut être plus frais qu'on en mangerait en filet, voire même en carpaccio, et pourquoi pas fris à l'ouzo ? Mais nous ne partirons pas non plus sans avoir pris la recette du Beurek, spécialité Arménienne d'Annie, ou sans avoir essayé de refaire du Barklava, dessert Tunisien qui devient meilleur de jour en jour. Pour moi, ça sera également une expérience fort enrichissante sur une autre façon de naviguer, bien différente des formations enseignées dans nos écoles de voile. C'est ainsi que je souhaite bon vent à Julo en route pour la Tunisie et un grand merci à Didier et Annie pour leur disponibilité et pour nous avoir fait passé un agréable séjour, dans la bonne humeur, tout en nous enseignant leur passion pour vivre au plus près de la nature, en Grèce, ce pays de liberté retrouvée. Bon retour également à mon équipier Thierry que je retrouverai très certainement l'an prochain à Carantec, un village de Bretagne où nous passons réciproquement nos étés depuis fort longtemps, avant de nous rencontrer par le plus grand des hasards en Grèce.
Yanick.