JOURNAL DE BORD D'UNE TRAVERSEE OCEANIQUE VUE PAR ANNIE
DAKAR-SALVADOR DE BAHIA=2400 MILLES |
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MARDI 6 MARS
Nous sommes enfin prêts pour cette grande traversée. Les pleins d'eau, de gasoil, de nourriture sont faits. Nous sommes contents de partir de Dakar, mais un peu tristes de quitter le Sénégal, nous avons trouvé ce pays et ses habitants tellement attachants…..
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15 H, nous remontons l'ancre et quittons le mouillage de la baie de Hann. Il fait grand beau temps, le vent est de NE 15 nœuds, la mer est belle avec une houle de 2 M , et Julo glisse sur l'eau à une vitesse de 6,5 nœuds grâce à sa carène toute propre. Je fais un rapide calcul dans ma tête, à ce rythme là nous serons de l'autre côté dans 2 semaines, calme toi Annie nous venons juste de partir.
A la tombée de la nuit nous prenons 1 ris dans la GV , et deux fois de suite nous évitons un filet de pêche affleurant la surface de l'eau.
Première nuit en mer, nous décidons de faire des quarts de trois heures. Pas facile de trouver le sommeil, le bateau roule d'un bord sur l'autre et les vagues viennent le bousculer. |
MERCREDI 7 MARS
Pas bien dormi, je me sens nauséeuse et le pti-déj passe par-dessus bord, je prends un cachet de Motilium. Didier n'est jamais malade et du coup c'est lui qui fait la cuisine, la vaisselle en plus de la navigation. Je ne suis pas bonne à grand-chose mais je prends mes quarts et j'aide aux manœuvres.
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Didier a décidé de faire toute la traversée au sextant et s'interdit de regarder le GPS. En catimini je compare son premier point astro avec le GPS, pas top, il y a une différence de 25 milles. Il faut qu'il reprenne la main, ce sera mieux demain…..
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JEUDI 8 MARS
Pas bien dormi, Didier a réussi à se reposer et même à ronfler, le veinard.
Je nourris encore les poissons avec mon pti-dej.
Pendant la nuit trois poissons volants ont atterri sur le pont, ils finiront dans notre assiette.
Didier fait le premier pain, un vrai régal.
On avance bien avec une moyenne de 150 milles par jour, je vous le dit qu'on va mettre que 2 semaines !!!!
Que 5 milles d'erreur au point astro, bravo Didier tu es un « crack ».
A la tombée de la nuit le vent forcit un peu et Julo avance à plus de 7 nœuds, nous décidons d'affaler la grand-voile, ce sera plus confortable, si toutefois on peut parler de confort, le bateau roule toujours et la mer commence à se former. Le vent forcit encore, nous roulons le génois à moitié.
VENDREDI 9 MARS
Pas vraiment bien dormi, Julo a été pas mal secoué cette nuit. Le pti-déj passe encore pardessus bord, mais je me sens beaucoup mieux. Cette nuit, pendant mes quarts, j'ai enfin réussi à lire. Nous faisons nos quarts à l'intérieur, le radar se met en marche 1 minute toutes les 10 minutes, nous sortons alors faire un tour d'horizon.
Le vent faiblit, nous déroulons complètement le génois et nous le tangonnons tribord amure.
19 H, le soleil se couche invisible sur l'horizon, « harmattan tu nous voles nos couchers de soleil….. » Il faut dire que depuis notre départ il y a un fort coup de vent sur La Mauritanie et le Sahara et l'air est chargé de particules de sable. |
SAMEDI 10 MARS
Enfin j'ai réussi à dormir et me sens en pleine forme, le pti-déj passe bien.
Didier est ravi, je fais la cuisine, la vaisselle et le ménage.
Le cockpit se transforme en salle de bains et nous nous lavons à grands seaux d'eau de mer, l'eau est très chaude et c'est un vrai plaisir.
Notre premier poisson mord à l'hameçon, c'est une petite daurade coryphène, (on ne peut pas pêcher chaque fois une pièce de 1,40 m ). C'est gueuleton sur Julo avec à nouveau un pain tout chaud sorti du four palestinien.
550 milles en 4 jours, 135 milles de moyenne, pas mal pour Julo, mais à ce rythme là on va mettre 17 jours…
Nous faisons cap plein sud au 182°, nous changeons d'amure, nous voilà bâbord amure. |
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DIMANCHE 11 MARS
Cette nuit le ciel était complètement dégagé, la croix du sud était à bâbord très bas sur l'horizon et la grande ourse à tribord également très bas sur l'horizon, MAGIQUE.
Le vent reste stable NNE 15 à 20 nds, vitesse 4,5 nds. Point astro impeccable, à partir d'aujourd'hui je ne vérifie plus avec le GPS
Toutes les bananes achetées à Dakar mûrissent en même temps, je les met à sécher sur le pont pendant la journée et les rentre pendant la nuit, dans une semaine elles seront bonnes à manger et pourront se garder plusieurs mois dans une boite hermétique.
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LUNDI 12 MARS
Cette nuit pendant mon quart j'ai vu un énorme paquebot de croisière tout illuminé comme un arbre de noël, sûrement le Queen Mary III .
Le vent faiblit, nous renvoyons la GV , le temps devient très chaud et lourd, la ZIC (zone intertropicale de convergence) appelée plus familièrement « pot au noir » n'est pas loin.
MARDI 13 MARS
On a mis les voiles en ciseaux pendant la nuit, Julo est comme un grand papillon blanc.
D'après le point astro nous avons fait 1/3 du trajet, soit 800 milles en 1 semaine.
Le soleil est de + en + haut, nous approchons de l'équateur, il fait 30° dans le bateau.
18 H, une daurade mord à la ligne, on va se régaler ce soir.
La visibilité est très faible et il y a pas mal de cargos dans le coin, merci Michel pour le radar, on ne pourrait plus s'en passer.
MERCREDI 14 MARS
Le vent tourne légèrement plus à l'est, nous affalons la GV. Il fait très chaud et Didier a le courage de faire du pain, il sue à grosses gouttes après l'avoir pétri pendant ¼ H.
Quand il sort tout chaud on dirait du gâteau....
JEUDI 15 MARS
Julo continue sa descente vers l'équateur, le ciel est couvert et nous sommes entourés de grains. Pas de soleil, pas de point astro. Nous sommes dans la ZIC. Le vent a tourné ENE, nous renvoyons la GV et détangonnons le foc.
14 H plus de vent, on met le moteur, quelques gouttes de pluies, les premières depuis notre départ des Canaries il y a 4 mois.
VENDREDI 16 MARS
Voilà 24 H que nous sommes au moteur, stop, la mer est belle et nous invite à la baignade, l'eau est à 28° (aussi chaude que la piscine de Caly en plein cagnard marseillais).
Nous nous baignons chacun notre tour, il faut surveiller les requins, on ne sait jamais….Mais ce sont des dauphins qui viennent nager avec Didier, mais pas trop près et pas trop longtemps, ils se méfient de ce gros poisson bizarre.
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18 H remoteur.
19 H une petite brise se lève et on renvoie la toile, quel calme et Julo glisse sur cette mer plate qui ondule avec la houle.
1H30 la petite brise s'évanouit et remoteur. |
SAMEDI 17 MARS
8H, passage de l'équateur, Didier fait une offrande à la mer, une bonne dose de rhum pour elle et pour lui également, non mais….
Nous voilà dans l'hémisphère sud.
16H30, stop moteur pour la baignade.
Plus de pain à bord, mais il fait vraiment trop chaud pour en faire, tant pis on mangera des biscottes.
DIMANCHE 18 MARS
La nuit a été très agitée, beaucoup de grains dont un énorme qui nous a amené du vent et de la pluie, Julo est tout propre, la poussière de Dakar est enfin partie.
Il fait 33° dans le bateau, et à cause des grains nous sommes obligés de tout fermer, alors c'est le sauna, vivement que l'on sorte de ce pot au noir… |
LUNDI 19 MARS
Nuit calme au début, plus mouvementée ensuite, à 3H je réveille Didier en catastrophe, un énorme grain nous arrive dessus, on prend 2 ris dans la GV et on roule le foc à un mouchoir de poche. Julo file à 6 nds sous une pluie diluvienne.
Le reste de la nuit n'a été qu'une succession de grains, de vent, de pas de vent, on roule, on déroule, on renvoie 1 ris, on prend à nouveau 1 ris, 2 ris. |
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Le vent tourne dans tous les sens.
En fin d'après midi, plus de vent, le bateau roule beaucoup c'est insupportable, on remet le moteur, aurons nous assez de gasoil ?
MARDI 20 MARS
La nuit a été calme, pas de grains et le vent est revenu assez fort, on a 2 ris dans la GV et le foc roulé aux 3/4. Le soleil est revenu et il fait très chaud. L'alizé a l'air d'être revenu, avec ce vent Didier préfère endrayer le foc de brise sur l'étai largable pour soulager l'enrouleur, et Julo cavale à 5 nds. Dedans c'est toujours l'étuve à cause des capots fermés en raison des vagues qui balaient le pont, il fait meilleur dehors avec le vent et les vagues qui nous arrosent.
MERCREDI 21 MARS
Nuit calme, nous sommes au près.
Le point astro nous positionne à 720 milles de Salvador, on abat légèrement ce qui nous permet d'ouvrir les capots, un peu d'air nous fait du bien.
Jour du printemps en France, ici on voudrait quelques glaçons.
19H, on affale le foc de brise pour renvoyer le génois.
JEUDI 22 MARS
Nuit calme pour Didier, en revanche pour moi, je n'ai pas arrêté de rouler, dérouler, rerouler, redérouler, impossible de rester tranquille à lire….
Il fait un peu moins chaud aujourd'hui, que 30° dans le bateau, et Julo continue sa route à 5 nds, cap au 220. |
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VENDREDI 23 MARS
Ce matin, un cargo nous fonce dessus, nous obligeant à nous dérouter, cela faisait une semaine que nous n'en avions plus vu.
En début de soirée le vent forcit, nous renvoyons le foc de brise. |
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SAMEDI 24 MARS
Quelques grains cette nuit, rien de méchant.
Le bateau roule toujours et faire la cuisine ou la vaisselle est vraiment acrobatique, il est impératif de s'attacher.
DIMANCHE 25 MARS
Nuit noire
Nuit merdique
Rien dormi, le bateau a roulé dans tous les sens et les grains se sont succédés toute la nuit.
Et à nouveau la valse du : je roule, je déroule, je reroule pour dérouler à nouveau, vive le foc sur enrouleur qui permet d'ajuster la surface de toile en fonction du vent.
Didier a bien dormi, à peine couché dans sa bannette il se met à ronfler, moi ça m'écoeure de voir ça.
9H, déjà 29° dans le bateau, je transpire à grosses gouttes. Comme tous les matins je mets les lignes de pêche à l'eau, une semaine que nous n'avons rien pris , hier une des lignes a été arrachée, il y a donc du poisson et du très gros.
LUNDI 26 MARS
Nuit calme, cap au 250, 3/4 arrière et ça roule d'un bord sur l'autre.
Un gros poisson volant a atterri sur le pont, ce sera toujours ça à mettre dans la poêle.
La journée n'a été qu'une succession de grains : des gros, des petits, des avec des cataractes de pluie, d'autres juste avec un petit crachin breton. On a pris 3 ris dans la GV et on roule ou déroule à la demande du grain.
D'après nos calculs nous devrions arriver demain soir, mais on ne rentre jamais de nuit dans un port que l'on ne connaît pas, nous décidons de ralentir la vitesse du bateau pour arriver mercredi matin.
MARDI 27 MARS
La première partie de nuit n'a été qu'une succession de grains, on a l'habitude maintenant, on roule, on déroule…..
6H, il reste 100 milles, YOUPPI, dernier jour de mer.
Ce matin le ciel est tout dégagé, pas un seul grain à l'horizon, le soleil est déjà très chaud.
Didier dort encore comme un gros bébé, bientôt il va se réveiller et préparer le petit déjeuner comme tous les matins depuis 21 jours.
18H, la nuit tombe, il reste 50 milles et au loin on aperçoit un halo de lumières, serait-ce Salvador? Et oui, bravo Didier, tu nous a amener au bon endroit !!!!
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MERCREDI 28 MARS
La nuit a été très calme, on se rapproche, des buildings à n'en plus finir, Salvador est une ville de 2 500 000 habitants.
9H35, on entre dans le port et on s'amarre au ponton du centre nautique de Bahia.
Nous sommes arrivés après une traversée de :
21 JOURS , 18 HEURES, 35 MINUTES |
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