Samedi 11 juin 16 heures. Nous embouquons la passe de Niuatoputapu. La carte est fausse mais l'entrée est matérialisée par un superbe alignement. Ce n'est pas très large mais Didier du haut des barres de flèche guide Annie jusqu'au mouillage. Deux bateaux sont à quai. Eux aussi ont subi du mauvais temps. Australia 31 un gros ketch Australien s'est fait coucher par la rafale et Alex sur son Fisrt 35 qui a explosé ses deux voiles. Nous non plus ne sommes pas en reste, le régulateur de l'éolienne a grillé, il faut recoudre le génois sur quelques mètres et notre petit hors-bord refuse de démarrer. Didier diagnostique un cours circuit sur la bobine…. Mais ce moteur est tellement vieux et usé qu'il ira directo à la casse. Au fait Annie, a t'on seulement une paire de rames ?

Niuatoputapu fait partie du groupe Nord des Tonga. Dès notre arrivée nous sommes sous le charme. Cette île semble oubliée du monde. Ici, il n'y a ni électricité, ni télé… Le temps s'écoule, paisible et des souvenirs d'Afrique se mélangent à l'ambiance locale… Nous nous sentons bien. Les habitants sont d'une grande douceur et toujours souriants. Il y a des chants, des rires, des enfants qui jouent, des chevaux, des cochons. C'est une île ou le mot « vivre » à un sens… Et que c'est bon.

L'habit traditionnel pour les hommes est la jupe qui est encore largement portée. Les écoliers, filles ou garçons ont, pour uniforme une chemisette et une jupe avec un petit tressage de fibres végétales par-dessus.

A Niuatoputapu, les femmes tressent les feuilles de pandanus pour en faire de beaux tapis qu'elles vendent à Vava'u ou à Nuku'Alofa la capitale. Elles tressent aussi les habits traditionnels et de belles ceintures pour les filles.

Faire un tapis en pandanus, ce n'est vraiment pas de la tarte et c'est un mois de travail acharné. Allez, pour celles qui veulent s'y mettre, voici comment procéder :

Prendre les feuilles de pandanus et en couper les bords qui sont pleins de piquants. Enlever la nervure centrale de la feuille puis les rouler par cinq et les attacher avec de la fibre végétale. Les faire cuire, puis dédoubler chaque feuille en deux pour ne garder que le côté le plus fin. Les laver abondamment dans la mer et les laisser tremper une semaine. Les rincer à l'eau douce, les faire sécher au soleil. Elles deviennent blanches et souples. En couper de fines lanières. Ca y est, la matière première est prête, il ne vous reste plus qu'à les tisser… A la main bien sûr... Bon courage.

Cia nous invite chez elle pour nous faire découvrir quelques spécialités Tonguiennes : Des poissons du lagon accompagnés de feuilles de taro et cuits dans des feuilles de bananier, des racines de manioc et de tapioca, du cochon grillé et de la papaye cuite au lait de coco. Nous nous sommes régalés.

Niuatoputapu a été touché de plein fouet par le Tsunami du Japon en mars de cette année. Il y a eu une trentaine de victimes et beaucoup de casse : maisons emportées, voitures retournées, arbres arrachés. La blessure est là, mais la vie continue… Toute cette région est à haut risque. Non seulement l'activité sismique est importante, mais chaque année, des cyclones destructeurs balaient cette zone. Les tonguiens n'ont pas le choix, , il faut vivre avec, et il faut vivre heureux.

Vendredi 17 Juin. Le bateau ravitailleur est mouillé au large du récif. Deux barges font la navette toute la journée pour débarquer une quantité phénoménale de matériel. Il faut dire que son prochain passage sera dans un mois. Entre temps un rallye Néo Zed arrive et nous passons de deux à 19 voiliers au mouillage… Nous qui étions si tranquilles.

Lundi 20 juin. Nous décidons de partir dans l'après midi pour le group des Vava'u 180 milles au Sud. La météo annonce un vent de secteur Est tournant Sud Est dans quelques jours…. C'est tout bon pour nous. Bye Niuapoputapu et merci pour ta douceur. A remonter l'ancre et prendre la passe, c'est parti pour un jour et deux nuits de mer.