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De Paros à Carthagène.
 
   

Croisière en voilier.

Co-navigation.

Croisière naturiste.

Nos amis nous quittent le vendredi 21 Septembre à Paros. La météo annonce un bon coup de Meltem pour le début de la semaine prochaine. Nous nous dépêchons de faire le plein du bateau avant l'arrivée du mauvais temps. Lessive, plein d'eau, nourriture, les journées sont bien remplies.
Mardi 25 Septembre. Le coup de vent est imminent. Nous soignons notre mouillage en nous rapprochant de la plage. Ici, ll y a peu d'effet venturi… Enfin, on verra bien. La météo annonce un vent de Nord-est de force 9 à 10, nous remontons l'annexe et l'attachons fermement sur le pont. Les ferrys sont en standby, ça va décoiffer. Mercredi et jeudi, le Meltem s'en donne à cœur joie. Heureusement, le fond est de bonne tenue. Quelques bateaux dérapent mais rien de bien grave. Dans des conditions aussi dures, il faut veiller et se tenir prêt à agir. Rien à signaler pour « Julo », seul avarie, le drapeau national qui n'a pas survécu: il est parti en lambeaux. Jeudi dans l'après midi, le vent se calme et nous allons nous dégourdir les jambes… Que c'est bon.
Horreur, le lendemain matin, la météo nous annonce qu'un Médicane se forme au sud de la Grèce et se déplace droit sur nous . Son nom est « Zorbas ». Un Médicane est l'équivalent d'un petit cyclone, ça va être chaud ici, à Paros, l'abri n'est pas sûr et le capitaine n'a pas envie de jouer à Pile ou Face avec ce phénomène. Quand l'œil du médicane va passer, le vent va tourner de 180° en soufflant à qui mieux mieux accompagné de pluies torrentielles.
Le Médicane Zorbas.
Samedi, le medicane Zorbas abordait le sud de la Grèce, avec des vents d'une intensité correspondant à une tempête tropicale selon des stations amateurs. Le centre du système s'est clairement entouré d'une ceinture convective rendant visible ce qui s'apparente à un œil. Après avoir touché le Péloponnèse entre vendredi soir et samedi puis les îles des Cyclades et le sud de la Grèce, les intempéries vont concerner la Crête ainsi qu'une partie de la Turquie jusqu'en cours de journée de lundi. De fortes pluies sont observées (plus de 50 mm en 24 h à Athènes) et de violentes rafales de vent dépassant les 100 km/h, occasionant inondations et coulées de boue .  Par ailleurs,  des vagues de 5 à 8 mètres sont observées sur le littoral, causant d'importantes submersions marines . Avec de la chance,  un oeil similaire à celui d'un ouragan pourra être visible au sein du medicane . Cependant,  bien qu'un medicane possède des caractéristiques proches de celles d'un ouragan (medicane = contraction de "mediterranean" et "hurricane") il n'en est pas un . Les medicanes rentrent dans la catégorie des tempêtes subtropicales c'est-à-dire qu'ils possèdent certaines propriétés d'un cyclone tropical et d'une dépression frontale. Ils se forment généralement à l'automne lorsque la mer Méditerranée est au plus chaud mais peuvent se développer jusqu'en janvier puisqu'une température de l'eau de seulement 20°C est nécessaire.

Bon… Rester calme et analyser la situation. Nous avons une trentaine d'heures pour trouver un abri tout temps. Nous attendons la météo de 14 heures qui nous confirme le passage du système pile sur nous. Le capitaine décide de se réfugier à Porto Heli qui est à 100 Milles à l'Ouest. Porto Heli est une baie toute ronde abritée de tous les vents… Nous devrions être à l'abri en espérant qu'il n'y ai pas trop de voiliers.
Départ 15H. La mer est forte et nous sommes sacrément secoués. Julo avance à plus de 7 Nœuds dans cette mer chaotique ce qui est bien car nous n'avons pas de temps à perdre. Les météorologues ont beaucoup de mal à prévoir le déplacement de ces phénomènes qui sont extrêmements rares en méditerranée. Va-t-il se déplacer plus rapidement, changer sa trajectoire ? Nous n'en savons strictement rien, alors plus tôt on arrivera mieux ça sera. C'est le samedi 29 à 6h et en pleine nuit que nous mouillons à Porto Heli…. Oufff. A 9h le premier grain arrive, il pleut des cordes et le vent monte à 45 Nœuds… Ca y est, le médicane arrive. Finalement, le système passera sur nous assez rapidement. Nous subirons 24 heures de vent violent et de pluies suivies d'une longue période perturbée mais maniable.

Nous sommes à la fin du mois de Septembre et l'animation a déserté Porto Heli. Il n'y a plus grand monde et beaucoup de magasins sont fermés… Aucun intérêt. Nous attendons quelques jours que le temps se stabilise et qu'une fenêtre météo se dessine. C'est le 3 Octobre à 8 heures que nous prenons la mer. Une grosse bouffée de Meltem se prépare, et nous aimerions en profiter pour se laisser pousser le plus loin possible.

Nous descendons sur le cap Maléas au moteur, puis le vent prend enfin la relève pile arrière. Cette allure est pénible avec ces vagues courtes et agressives. Le roulis est rapide et inconfortable.

Le capitaine hésite entre s'arrêter à Pylos ou continuer sur Siracuse. La météo annonce du vent fort mais portant…. Allez zou, cap sur Syracuse. La traversée sera inconfortable mais nous ferons un grand saut de plus de 450 milles en direction de Carthagène.

Samedi 6 Octobre 18 heures. Ca y est, Syracuse est en vue. L'entrée de cette baie est absolument magique. Le vent s'est calmé depuis une cinquantaine de milles, mais il souffle encore très fort plus au large et la houle résiduelle brise sur la muraille d'Ortéga.


Le mouillage est moins rouleur que prévu et c'est tant mieux car nous sommes épuisés. Entre le coup de vent de Paros, le médicane et cette traversée, nous avons du sommeil à rattraper. Six bateaux sont au mouillage. Y a pas à dire, Syracuse on adore... Aller, une petite soupe et au dodo...

A Syracuse, il se passe toujours quelque chose d'insolite. Nous aimons nous perdre dans les rues d'Ortéga, flâner au marché, rester assis sur les marches de la cathédrale et regarder la foule…

Allez, commençons par le marché.

Mais que se passe t'il?
Ils sont en admiration devant la superbe cathédrale de Syracuse à Ortéga.
Quelque photos en flanant.
Tous les ans, la municipalité installe un solarium le long des ramparts. Le médicane à tout emporté.
C'est le samedi 13 Octobre à 17H que nous prenons la mer pour Malte. Cette traversée est toujours un peu délicate avec beaucoup de cargos et de pêcheurs. Le vent accélère en glissant sur la côte sicilienne et les conditions sont souvent plus musclées que prévu.

Nous arrivons à 8h30 accompagné d'un gros grain tout noir. L'entrée est grandiose et nous embouquons la baie de Sliema en espérant y trouver une petite place. Effectivement, il y a du monde. Nous trouvons un mouillage qui semble libre et nous nous amarrons entre deux bouées non sans mal. Il faut plonger pour vérifier la taille des corps-mort, passer une amarre dans une chaîne traversière, bien positionner le bateau par rapport aux voisins et le tout sous la pluie…

Nous aimons bien cette escale. Malte est une île atypique entre Afrique et Europe.

C'est le samedi 20 Octobre qu'a lieu le départ de la fameuse course « Rolex Middle Sea Race ». Les voiliers doivent faire le tour de la Sicile via le détroit de Messine pour revenir à Malte. Nous y allons pour le plaisir des yeux. Le départ est donné dans le port de La Valette et c'est grandiose.

Et c'est parti pour Messine en tirant des bords dans une mer bien formée. La course s'annonce difficile cette année.

Nous sommes déjà fin Octobre et il nous reste 900 milles jusqu'à Carthagène. Nous devons profiter de la moindre fenêtre météo, d'autant plus que cette année, le temps est particulièrement instable. Alors cap sur Pantelleria, 140 milles plus à l'Ouest.

Ce retour sur Carthagène a été, sans conteste, un long moment de navigation pénible et fatiguant. Entre le ressac le long d'un quai à Pantelleria qu'il a fallu quitter en pleine nuit sous peine d'exploser le bateau, une violente tempête juste sur notre nord qui n'en finissait pas de souffler, une météo instable et si peu fiable, même à 24 heures, la traversée entre la Sardaigne et les Baléares où les vents annoncés de 15 Nds étaient en réalité de 35 Nds et notre « julo », à peine toilé, au près qui marchait à plus de 7 Nds, tapant, roulant, ruant, couvert de vagues et d'écume, embarquant de l'eau par les coffres arrières, les capots, la soute à voile tant les vagues arrivaient en force sur le bateau, et l'annexe, qui sanglée sur le pont à été en partie arrachée par la force de l'eau, puis cette arrivée en pleine nuit dans le port de Mahon, magie du calme après la tempête. Nous étions bien contents d'arriver enfin à Carthagène ce samedi 17 novembre , fin de notre calvaire pour s'y refaire une santé et préparer la bateau pour l'été prochain.