Cuba
 
 



Naviguer à Cuba est extraordinaire. L'île est unique à tous points de vue. Les cubains sont chaleureux. La nature est magnifique, les eaux poissonneuses, les langoustes énormes. On ramasse des lambis dans 2m de fond, les coraux sont en pleine forme et les poissons curieux. Mais comment parler de Cuba sans parler politique. Ici les mots « consommation, concurrence, performance, compétitivité » n'ont aucun sens. Nous sommes en pays communiste.
Ce régime a quelques bons cotés, avec entre autres :
- Un accès gratuit à l'éducation, et quasi gratuit pour les études : tous les enfants vont à l'école à Cuba.
- Un travail : car l'accès aux études est fonction des débouchés prévus : tout le monde travaille à Cuba.
- Un minimum alimentaire garanti avec les « carnets de rationnement » : personne ne meurt de faim à Cuba.
- Un logement à loyer dérisoire : un cubain n'est pas à la rue.
- Une santé gratuite : un cubain est en bonne santé, et ça se voit.  
- La sécurité (ici une jeune fille de 15 ans peut tranquillement traverser la ville à 1h du matin et rejoindre ses amis pour aller danser), un cubain se promène sans crainte (…) de jour comme de nuit.

 



Mais le régime a aussi de très mauvais côtés et les cubains ne sont pas heureux. Les salaires sont ridicules, plus ou moins 15 dollars US par mois quelque soit la profession. La liberté individuelle n'existe pas, un cubain ne possède rien. Tout appartient à l'état. En fait, Cuba est comme une île prison. Tout est contrôlé, tout le monde est surveillé. Un cubain se doit d'être révolutionnaire. Il participe (contraint et forcé) aux manifestations et taches socialistes, aux travaux collectifs, ce qui lui permet d'avoir accès à tous les services gratuits.


Il doit aussi faire parti du CDR (comité de défense de la révolution) de son quartier et faire en sorte que ses voisins soient de « Bons révolutionnaires » et respectent les règles. Ici, les murs ont des oreilles. Ils savent qui fait quoi, qui fréquente qui. Un cubain ne jouant pas le jeu perd rapidement ses avantages et la prison n'est jamais loin. Les opposants, eux, disparaissent, c'est en tous cas ce qu'on nous a laissé entendre.…
Pour les cubains, tout est interdit sauf autorisation. Il nous est impossible d'inviter un cubain à bord comme il leur est impossible de nous inviter chez eux. On ne parle pas avec un étranger, c'est interdit. Un prêtre installé à Cuba depuis de nombreuses années voit le pays comme une grande hacienda. Le riche propriétaire de l'île, Mr Raoul Castro exploite et surveille ses sujets et s'en met plein les poches. Au final, c'est toujours la même rengaine.



Et pourtant, les cubains adorent parler avec les étrangers. Ils bravent les interdits (le sport national étant de jouer au chat et à la souris avec la police) et certains nous parlent volontiers politique. Ils aiment aussi savoir un peu comment ça se passe ailleurs, là où les gens sont riches et libres… Ils sont bavards, ouverts, joyeux.
Cuba c'est aussi la musique, la danse. Les groupes jouent partout : aux coins des rues, dans les cafés, les restaurants. Quel plaisir de les écouter et les regarder danser sous les rythmes sensuels de la Salsa en buvant un bon mojito.



En trois mois, nous avons traversé trois régimes. Le capitalisme Martiniquais, la dictature Haïtienne et le communisme Cubain. Ce sont finalement trois régimes extrémistes. Le moins mauvais semble être le capitalisme et le pire la dictature, mais en y regardant de plus prêt… Nous sommes loin d'être au top.
Les effets pervers du libéralisme sont là et nous refusons de les voir. C'est ce que l'on pourrait appeler un déni collectif. Pour notre petit confort nous détruisons notre belle planète et ca ne nous empêche pas de dormir… Nous exploitons les familles (sans oublier les enfants) des pays du tiers monde, la main d'œuvre est tellement bon marché, vous comprenez et ça leur fait du travail, nous sommes des bienfaiteurs… Nous oublions que les aider c'est les éduquer et les sortir de la dépendance… Nous laissons des gens vivre dans la rue, avoir faim voir même mourir de froid sans lever le petit doigt ? Oui, mais ils nous font peur, nous préférons rester chez nous... Nous oublions la solidarité...
Mais pouvons nous vivre, agir autrement? La réponse est non. Nous n'existons que par le groupe et si nous en sortons nous sommes rejetés, exclus. Les puissances économiques qui gouvernent le monde nous manipulent (nous et nos hommes politiques), et chez nous aussi , les rebelles sont éliminés, le sang a déjà coulé, qu'on se le dise.
Liberté, Egalité, Fraternité… Tu parles.
Et comme me l'a souligné plusieurs fois Philippe du voilier Marana
-  Regarde Didier, tu vois comme c'est beau, c'est un vrai paradis, mais les hommes en ont fait un enfer et tout ca pour quelques dollars… Quelle tristesse.
Demain, peut être, une autre voie... Une société humaniste et responsable? Non, je n'y crois pas. Il faudrait changer la nature de ce grand prédateur qu'est l'homme et ca, ce n'est pas demain la veille.