Haïti - Mission VSF Caraïbes.
 
 

La lune est pleine pour notre dernière nuit en mer. Finalement, cette traversée de 5 jours s'est bien passée. Vent portant 15 à 25 nds, mer courte mais rarement agressive.



Dimanche 23 Mars, 6h30. Le jour se lève et l'île à Vache se devine sur l'avant tribord. En contournant la pointe Nord-Ouest nous croisons des dizaines de petites barques de pêche à voile qui tirent des bords et entrons dans la première baie. L'ancre est encore à poste alors que 3 pirogues nous accostent. « Bienvenue à l'île à vache, comment tu t'appelles, d'où tu viens ? » Ambiance Africaine. Il est 9 h quand nous mouillons devant le petit village de Kakok.


Les discours sont bien rodés, après nous avoir souhaité la bienvenue, nos trois piroguiers nous proposent leurs services 
- « Si tu veux, je peux servir de guide » dit Vildor.
- « Moi je peux te faire visiter le village » nous dit Casto.
- « Si tu veux du poisson, du pain, des fruits » surenchérit Tama
- « Si tu as de la lessive à faire… »
- …………………..
Bien évidemment contre quelques Dollars Haïtien ou en faisant du troc.

Stop, nous n'avons besoin de rien pour le moment. Nous venons pour aider l'orphelinat Saint François avec l'association Voiles sans Frontières et avons des médicaments pour sœur Flora…
- « Mais Sœur Flora part demain pour le Canada »


Nous voilà donc parti, illico presto à Mme Bernard (c'est le nom de la ville), avec Jasmin comme guide pour rencontrer Sœur Flora avant son départ, soit 18 Kms aller-retour. Nous visitons rapidement l'orphelinat qui est en fête pour ce week-end de Pâques. Finalement Sœur Flora ne part que quelques jours à Port au Prince. Nous prenons rendez-vous dans une huitaine pour décharger nos colis Voiles sans Frontières Caraïbes.



En attendant, nous découvrons l'île à vache. Nous la trouvons charmante. De petites maisons bien entretenues et souvent décorées se dressent le long des chemins. Elles sont entourées de manguiers, de bananiers, d'arbres à cajou, de cocotiers, d'arbres à pain. On y cultive le manioc, le mais, les patates douces, le tabac… Les plus riches ont des animaux, les bateaux de pêche sont nombreux et en bon état.
Mais le travail est rare et l'argent manque dans ces familles nombreuses. L'école est payante, donc désertée des plus pauvres, quand à la santé, seuls les plus riches y ont accès et si nous ne croisons pas de personnes âgées c'est qu'ici, on ne fait pas de vieux os.


Le défilé des pirogues commence dès 7 heures du matin. C'est bon enfant, ils essayent de vendre de petites langoustes, du poulet, des fruits mais il faut marchander car le prix de base est exorbitant. L'idéal est de faire du troc. Un gâteau maison contre quelques fruits, un ballon contre quelques langoustes. Tout le monde y trouve son compte.


Mardi 25 Mars, Tama passe nous voir en Pirogue. Il est inquiet. Son petit garçon qui a un 15 jours dort mal et a des douleurs au ventre. Il nous réclame de l'argent pour l'emmener au dispensaire. Nous décidons d'aller voir le malade que nous trouvons plutôt en forme. Il n'a pas de fièvre, est très éveillé. Nous lui conseillons d'attendre un jour ou deux. Le lendemain à 7h, Tama nous réveille. Mon bébé ne va pas bien du tout.
D'accord Tama, Annie va venir avec toi et le Bébé. Et les voilà partis pour le dispensaire près de l'orphelinat à 1H 30 de marche (rien que l'aller), se relayant tous les 3 ( il y avait sa sœur ) pour porter le bébé, arrivés au dispensaire il leur faut attendre leur tour . L'infirmière (pas de docteur sur l'île) ausculte le bébé et est très en colère contre le papa parce qu'il n'est pas venu plus tôt. Elle diagnostique une pneumonie et lui fait une ordonnance pour des antibiotiques. Ouf le bébé est sauvé, mais combien meurent faute d'argent pour les soigner.... Le lendemain Tama est venu nous remercier avec un plein saladier de mangues et sa sœur des noix de cajou grillées.



Il n'y a pas beaucoup de distractions à Kakok. Mais le dimanche après midi sur la place du village, a lieu le combat de coqs. Imaginez un espace clos de 500m², à l'intérieur un ring de 15 mètres de coté protégé par un toit en feuilles de palmes. Une quantité incroyable de joueurs se serrent pour regarder le combat en poussant des grognements à chaque attaque. Les bouteilles de tafia se vident. Il fait chaud, très chaud: C'est la chaleur dégagée par tous ces corps excités par l'enjeu et l'alcool. Il n'y a pas de femmes, c'est un truc d'hommes.

Pour chaque combat, l'arbitre choisit des coqs de même force. Les joueurs parient et le combat commence. L'ambiance monte petit à petit, une attaque est toujours suivie d'un râle humain, les corps transpirent, la tension est palpable. L'enjeu est gros, ici remporter quelques gourdes ça compte. Si au bout de 30 minutes il n'y a pas de vainqueur le combat est arrêté et l'on passe au suivant.



Samedi 5 avril. Aujourd'hui nous faisons une ballade à cheval. Nous avons loué 8 chevaux pour les équipages des julos, Marana et Tiloune. Jasmin nous sert de guide. Pour l'occasion, les chevaux sont sellés, les blancs aiment le confort et nous voilà partis pour 5 heures de randonnée.



Nous longeons la côte Sud de l'île à vache puis revenons par Mme Bernard. C'est un enchantement. Nous terminons fourbus mais heureux. Cette île est magnifique.




Jeudi 10 avril, 10h30. Julo et Marana lèvent l'ancre. Nous quittons Kakok et partons pour Cuba. Le temps passe vite et il nous reste beaucoup à découvrir avant la saison des cyclones. Bye bye tout le monde, mais nous reviendrons un jour ici, soyez en sûrs.