Traversée Equateur-Mexique.
 
 

Le cap'tain est frustré. Il a besoin de grand large, de vagues, de vent…. Besoin de retrouver la mer, sa respiration, son immensité. Il faut dire que depuis notre dernière grande navigation en Septembre 2007, nous ne faisons que de petites étapes. A peine avons-nous le temps de prendre le rythme que nous sommes arrivés… C'est décidé, Cap sur le Mexique.

Cette traversée est intéressante et risque de ne pas être de tout repos. Nous aurons au départ les conditions météo de l'hémisphère Sud avec des vents modérés de secteur Sud, puis arriverons au bout d'une petite semaine dans la zone d'interconvergence des alizés dit « Pot au Noir » avant de retrouver l'alizé de Nord-Est de l'hémisphère Nord. Les zones de vent fort du golf de Tehuantepec et de Papagayo pourront nous envoyer une mer forte sans aucun rapport avec le vent sur zone, ce qui serait particulièrement inconfortable. Nous avons prévu de monter jusqu'à La Paz en mer de Cortez (Golf de Californie), mais en fin de parcours, les vents sont plus variables et de dominante Nord-Ouest. Il nous faudrait un peu de chance et arriver avec une fenêtre météo, ce qui nous permettrait de faire route directe, autant dire que c'est pas gagné…. Allez, en route, nous verrons bien à quelle sauce nous serons mangés, nous avons 2400 milles soit 4000 kms à faire.



Jeudi 4 Février, 7h15. C'est le grand jour. La sortie de Bahia de Caraquez est toujours délicate. Si il y a trop de houle, la mer lève dans la passe jusqu'à déferler. Aujourd'hui, tout va bien, juste deux ou trois belles vagues à négocier et nous faisons cap au large. Ici, c'est la saison des pluies. Il bruine et la visibilité est réduite. Nous slalomons entre les filets de pêche et en quelques heures, nous sommes dans les grands fonds. Le vent, nul au départ se lève Ouest Sud-Ouest 8 nœuds. Nous sommes au prés, la mer est plate et Julo, à peine gîté avance à 5,5 nœuds. Quel bonheur…



Les six premiers jours sont idylliques. Le vent est modéré et constant, la mer est calme, le ciel est dégagé. Nous sommes au grand largue, allure rapide et confortable. Nous battons notre record de vitesse le dimanche 7 Février avec 145 milles au GPS…Bravo « Julo »... Nous laissons une famille d'orques sur notre tribord. Leurs nageoires dorsales sont impressionnantes, elles peuvent atteindre jusqu'à 1,80 m . Les voir sauter et jouer est magnifique. Malheureusement nous ne devons surtout pas les approcher. Eux, nous ont bien évidemment repéré depuis longtemps mais il faut les ignorer et continuer notre route : même cap, même vitesse… Pourquoi ??? Ici, et seulement ici, les orques et les baleines n'aiment pas les bateaux curieux… Plusieurs attaques ont été recensées et nous n'avons pas du tout envie de nous faire bousculer par ces tonnes de muscles….

Une bande bruyante de Fous de Bassans a élu domicile à bord de « Julo ». Tous les soirs, ils se perchent sur le balcon avant pour y passer la nuit. Au matin, tout le monde part en mer puis ils reviennent dans l'après midi, volent autour du bateau avant de revenir se percher pour la nuit.



Puis, le 9 février vint le Pot au Noir. Grains, pluie, vent variable et instable puis de face avec une mer courte et croisée, un cauchemar. Le bateau n'arrive pas à prendre de la vitesse et nos bords sont carrés. Au moteur, nous ne dépassons pas 2,5 nœuds… Pourtant, nous devons sortir de ce calme en faisant route au nord. Bon gré mal gré, la mer se calmant, nous progressons lentement… Voile, puis moteur, puis les deux… et le 11 février, une légère brise de Nord-Est se lève, ça y est, le pot au noir est dans notre sillage. Nous sommes déjà par 5°45 de latitude Nord mais pour nous, l'hémisphère nord commence.



Trop tôt.
Trop tard.
Super la photo.


Le vent reste stable en direction mais plus ou moins fort pendant quelques jours. A prendre un puis deux ris, rouler pour tout renvoyer quelques heures plus tard. Une vrai vie de marin quoi. « Julo » marche bien au petit largue et le temps reste dégagé.



Mercredi 17 Février 10. Aujourd'hui le vent est de NNE fort. Julo sous deux ris et foc roulé à moitié bondit de vague en vague. L'allure est inconfortable, du près… encore du près… mais nous tenons le cap. 12h : Grains, pluie… Le vent tourne au Nord-Ouest, en plein de face en forcissant. Impossible de faire route, nous prenons la cape et attendons une amélioration. 18heures : Le vent tourne au Nord-Est en faiblissant, nous reprenons notre route. Suivent trois jours de temps calme, puis le vent s'établit pile dans l'axe. Nous tirons des bords carrés d'autant que notre carène s'est couverte d'anatifes. Le vent forcit, nous décidons de tirer un bord à terre et d'aller mouiller dans une petite crique pour nous reposer et nettoyer la coque. Lundi 22 février 13H. Après 18 jours de mer et 2000 Milles, nous arrivons à Galetas de Campos. Trois voiliers américains sont au mouillage.


Deux jours plus tard, nous levons l'ancre pour Manzanillo 120 milles plus à l'Ouest. Nous devons faire les formalités d'entrée…

Mexique, nous voilà…
Voyage en voilier.