Traversée:du Mexique aux Marquises
 
 

Cette traversée s'annonce facile. Nous devrons partir de Mazatlan avec une fenêtre météo qui nous assurerait des vents de Nord-Ouest pendant 3 jours, le temps de sortir de cette zone de calme et de trouver, à 300 milles au large, le vent de Nord annonciateur de l'alizé de Nord-Est. La Z.I.C.devrait être atteinte en 12 jours de temps plutôt clément. Plus au sud, l'alizé de Sud-Est , plus soutenu mais portant, devrait nous pousser gentiment jusqu'aux Marquises. La durée estimée est de 25 jours. Les deux zones délicates étant les premiers 300 milles et la traversée de la Z.I .C (pot au noir). Mais prudence, tout ceci n'est que théorie et l'apparente facilité du parcours peut cacher une réalité bien différente. Aussi, le Cap'tain prépare t'il « Julo » avec sérieux et rigueur. Tout sera vérifié, de la semelle de quille à la tête de mât, sécurité oblige. Le samedi 24 avril à 10h, nous levons l'ancre: Cap sur les îles Marquises à 3000 milles au Sud-Ouest.


Mais que s'est il passé pendant ces 28 jours de mer ? Petites brises, grains, pluie, cargos, mers croisées, dauphins, calmes plats, poissons volants, couchers de soleil, fous de bassan, vents forts, prises de ris, embardées, route moteur, cuissons du pain, réparations, route de collision, nuits sans sommeil, contemplation, réflexion, musique, pas faim, c'est encore loin ? nuits étoilées, cosmos, bonheur, encore, bon dieu de vache…. Et puis l'île, majestueuse, l'ancre qui croche, le calme, la sérénité ... Le quotidien de la vie en mer… Une vrai vie de marin, quoi…

Et puis il y a autre chose… qui fait que l'on aime être en mer. Il faut, non seulement être en harmonie avec son bateau, le faire marcher bien comme il faut, le sentir heureux mais aussi entrer en communication avec la nature. Ici, nous sommes dans l'infiniment grand, ici, nous côtoyons les forces primaires de la vie, ici nous sommes entourés d'énergie, ici nous nous sentons chez nous. Ici, non seulement nous avons l'eau de la mer et du ciel, le feu du soleil, la force de la lune, la puissance du vent… Mais nous sentons la terre tourner autour du soleil, la lune tourner autour de la terre, la terre tourner autour de son axe. Nous percevons l'équilibre du cosmos, nous sentons tout cela et nous en faisons partie. Nous sommes des citoyens du monde libres et heureux.


Une longue traversée, c'est un voyage intérieur, c'est un regard sur le monde, c'est une réflexion, c'est se remettre en question, c'est surfer avec ses pensées… sur les sujets existentiels et universels…


Le courant tourbillonnant qui emporte le monde moderne a coupé les hommes de la nature. Ils n'ont plus accès aux forces primaires qui sont l'essence de la vie. Ils sont devenus de simples marionnettes sans repère. Ils jouent à être heureux et n'existent que par la consommation. Posséder encore et encore. Acheter le dernier gadget à la mode. - Je suis donc j'achète. Il ne faut surtout pas me laisser distancer, il faut être à la pointe, dans l'ère du temps. Et peut importe mon âge, je dois rester dans la norme, jeune et dynamique et adorer mon maître, ma raison de vivre, mon dieu : L'Argent.

Ici, nous sommes en contact avec la réalité vivante et universelle. Pourquoi les hommes se sont ils coupés de leurs racines ? Pourquoi se contentent-il d'une réalité fictive ? Pourquoi se cachent-ils derrière un masque ? De quoi ont-ils peur ?

Leur influence est telle, que les puissances financières (le monde moderne) s'immiscent partout. Contrôler pour mieux régner et imposer sa règle : la pensée unique. Balayés les libres penseurs, finis les provocateurs, uniformisons le monde en tuant la diversité. C'est de l'intégrisme non ?


Et les jours passent… En mer, seul le présent compte. Demain sera-t-il difficile ou tranquille ? Aucune importance, nous sommes prêts. Naviguer c'est accepter les conditions difficiles et profiter du beau temps, tout simplement.

15, 16, 17eme jours de mer, que les hommes semblent loin. L'espace temps est rythmé par les quarts, il faudra que je sorte mon sextant un de ces jours. L'île est encore trop loin pour nous préoccuper alors nous avons l'esprit libre.


Il y a quelques mois, j'ai lu un article intéressant. Un scientifique affirmait qu'il fallait étudier le réchauffement climatique, à l'échelle du temps géologique et non humain. Depuis la nuit des temps, une lente succession de glaciations puis de réchauffements transforme régulièrement et de façon significative le climat et la topographie de notre terre. Nous sommes actuellement en période de réchauffement, cycle naturel et prévisible. D'après lui, le principal gaz à effet de serre serait la vapeur d'eau et nous, humains n'y serions pour presque rien avec nos rejets industriels (moins de 1%). L'article semblait bien étayé et tenait la route. Intéressant non ? Ca me rappelle une émission radio avec le regretté volcanologue Haroun Tazieff où il était question de la couche d'ozone qui à l'époque faisait la une. Même analyse de Mr Tazief : Le trou dans la couche d'ozone est un faux problème et n'a rien à voir avec l'activité humaine. Le cycle est naturel et existe depuis toujours. Et si c'était vrai ? Et si on nous mentait ? A qui ce petit jeu profite t-il ? Sommes nous manipulés à ce point ? Serait-ce une sorte de chantage catastrophe ? Pas bon, pas bon.

Il y a tant de vagues et tant d'idées, qu'on arrive plus à distinguer, le faux du vrai et qui aimer ou détester… Il y a tant de vagues et de fumée, qu'on arrive plus à distinguer, le blanc du noir, ou l'énergie du désespoir.--- Bien vu Michel Berger--- Les hommes sont dans le cirage.


Il est facile de s'échapper du bateau. Il suffit de repérer un beau petit nuage et hop, d'un coup d'imagination, nous voilà assis confortablement, en tailleur, bien haut dans le ciel. De là haut, nous voyons « Julo » et son long sillage. Nous voyons aussi les hommes s'agiter un peu partout dans le monde. Un petit coup d'œil vers l'Europe histoire de prendre nos enfants dans nos bras et faire un petit coucou à nos amis, puis revenir s'asseoir dans le cockpit pour fumer une cigarette en compagnie de tous ceux qu'on aime.

Il y a peu d'endroits où l'on peut retrouver l'origine de la vie… La mer en fait partie.

La vie n'est pas un problème à régler, mais une réalité a expérimenter (Bouddha).

Samedi 22 Mai 7h du matin. L'île est toute proche. Nous sommes fascinés par cette terre, si haute, si verte. Nous passons sous le vent de Fatu Hiva et longeons la côte.

A 10 heures, nous sommes mouillés dans la Baie des Vierges Aux Marquises. Le site est grandiose, nous sommes déjà sous le charme. C'est sans aucun doute un des plus beaux mouillages du monde. Polynésie, nous voilà…

Voilà un petit aperçu sur l'intimité d'une traversée océanique… C'est un beau voyage, pas vrai ?

Voyage en voilier.