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Traversée de l'Atlantique de Guadeloupe aux Açores.
 
   

Croisière en voilier.

Co-navigation.

Croisière naturiste.

C'est le Jeudi 11 Mai à 9h45 que nous dérapons... Cap sur les Açores. Un gros système nuageux est sur nous depuis le petit jour. Il pleut et le vent d'Est est complètement tombé, ce qui n'est pas pour nous déplaire. Nous en profitons pour faire cap à l'Est au moteur. La pointe Sud-est de la Guadeloupe est à une vingtaine de miles, nous y serons vers 13h et mettrons cap sur les Açores, soit 2400 milles devant l'étrave.

Nous sommes deux à bord. Anita étant rentrée en France, j'ai demandé à Jean-François de me seconder pour ce périple. Nous sommes absolument ravis d'être ensemble. JF est un marin d'exception. Il a passé sa vie à la pêche puis est parti en solitaire sur un voilier pour découvrir le monde. Lui, la mer il connait. J'avais, depuis quelques années très envie de naviguer avec lui, et traverser un océan était une opportunité parfaite, il a dit oui… Alléluia…

Cette traversée se fera « à l'ancienne ». Une fois au large, nous n'aurons plus de prévision météo, plus d'électronique (pas de GPS), et n'aurons comme carte marine qu'une routière Atlantique. Mais comment allons nous faire ??? En bien nous sortirons notre vieux sextant et ferons marcher nos neurones, de toute façon, il faudra bien trouver notre île.

Le 11 au soir, je confirme à JF que nous allons couper sur le champ tout l'électronique du bateau et naviguer avec les astres.

En quittant la Guadeloupe, nous téléchargeons une météo sur 10 jours. Ces fichiers me permettent d'établir la route théorique qui devrait être la plus favorable pour nous. Nous ne chercherons pas à la suivre mais nous l'établirons en fonction des conditions rencontrées, du baro et du ciel. Au final, les deux routes seront assez proches.

Traverser l'Atlantique d'Ouest en Est n'est jamais facile. Au départ, l'Alizé d'Est ,qui pour nous reste modéré, nous contraint à faire Cap au Nord. Puis nous entrons dans la zone dite « variable » ou tout peut arriver, de la pétole à la tempête, l'enjeu étant de se trouver au bon endroit soit ni trop nord, ni trop sud. Ici, l'anticyclone des Açores règne en maître… Alors allons-y, laissons nous envoûter par cette immensité.

Les dauphins sont nombreux et aiment jouer avec l'étrave du bateau.

Lever de soleil en plein océan.

La pêche n'a pas été au top sur cette traversée. Une belle coryphène et un poisson inconnu, c'est tout. Ah, j'oubliais, nous avons raté un Marlin. Au petit matin, juste après avoir mis les lignes, un petit poisson se fait prendre. En remontant la ligne, un Marlin attaque et là, c'est une autre paire de manches. Nous le faisons glisser le long de la coque, il est magnifique, mais de toute évidence, c'est encore un bébé Marlin … Il se détache et c'est avec joie que nous le voyons plonger… Merci beau Marlin pour ce joli spectacle.

Nous faisons sécher les filets de daurade. Une fois sec (mais pas trop) le poisson est coupé en fines tranches puis mis dans un bocal et recouvert d'huile. 3 à 4 mois d'affinage sont nécessaires avant la dégustation C'est absolument délicieux.

C'est bien beau de naviguer, encore faut-il calculer notre position. Le soleil sera notre allié. Nous calculerons quotidiennement une droite de hauteur de soleil en matinée puis la Latitude à la méridienne à la culmination du soleil. Les résultats des 3 – 4 premiers jours ne sont pas d'une précision extraordinaire, puis progressivement, le capitaine retrouve de bonnes sensations, les visées s'affinent, les calculs sont plus rapides et les positions sont précises avec une incertitude d'environ 3 miles, ce qui est bien. JF est très intéressé et même si tout ça lui parait bien compliqué, je me fais le pari qu'en fin de parcours, il sera opérationnel.
Nous y allons progressivement. Il ne s'agit pas de faire bêtement les calculs, il faut comprendre le pourquoi du comment… Petit à petit, à chaque jour suffit sa peine. Les matinées sont studieuses avec échauffement de neurones garanti... Mais mon pari est gagné, en fin de parcours, JF maitrise parfaitement cet outil. Il sera d'ailleurs très justement diplômé pour ses capacités.
Le parcours s'est effectué en trois temps. Le premier tiers au près bon plein par vent modéré. A cette allure Julo marche bien et nous faisions régulièrement des journées à 145 / 150 miles voire même 160 miles. Puis le vent est tombé et nous avons eu une pétole incroyable. Nous profitions de la moindre petite risée pour avancer, mais le moteur nous a bien aidé pour sortir de cette bulle anticyclonique. Ensuite le vent s'est levé du Nord-est et nous étions au près serré gentil, mais bon. Puis le vent est passé Nord-nord-est, en plein dans le pif. Nous en avons déduit que l'anticyclone était monté bien plus au Nord. Et c'est monté à 20, 25 nds, et là ça n'a rien de réjouissant, mais faut y aller. Un matin, le point d'écoute du génois à explosé, nous avons envoyé une trinquette et continué à faire route
Nous avons terminé en faisant route voile et moteur dans un vent tombant et les îles sont apparues juste devant l'étrave : Magique.

Merveilleuses Açores. C'est le 31 mai à 19h que notre ancre croche dans l'avant port de Horta. Nous sommes heureux d'arriver et contents de notre traversée. Il nous aura fallu 20 jours pour faire ces 2443 miles… CHAMPAGNE.