Le Vanuatu - Suite
 
 

Au fil des escales.

- Erromango.

Le chef du village de Dillon's Bay nous propose, moyennant quelques piécettes sonnantes et trébuchantes, d'aller visiter une grotte dans la baie d'à côté. Le rendez vous est pris pour le lendemain à 13h. Le lendemain matin, un superbe trois mâts arrive et notre chef se précipite à son bord pour les emmener à la grotte. A treize heures, personne au rendez-vous, qu'à cela ne tienne, il n'avait qu'à nous prévenir, nous irons sans lui avec nos amis de Maestro.

Nous cherchons cette grotte... Et nous la trouvons.

A l'époque où l'on guerroyait beaucoup, nous aimions festoyer de nos ennemis, ici comme ailleurs. A Dillon's Bay, les prisonniers étaient savamment préparés puis dégustés par les villageois. Les ossements des malheureux vaincus étaient ensuite disposés, tels des trophées dans les grottes environnantes. Etonnant non ?





- Efate.

Port Vila est une petite ville sans intérêt si ce n'est son marché.

Les Ni-Van viennent de loin pour vendre leurs produits, aussi le marché reste t'il ouvert toutes les nuits. Les vendeurs dorment sous les étals.

On peut manger pour quelques Vatu… Attention, tourista en puissance.





Au nord de Efate, à Havannah le mouillage se trouve en plein passage. Tous les jours, une dizaine de pirogues traversent la baie pour aller travailler aux jardins. Une rivière permet de les irriguer sans peine et la terre y est meilleure qu'au village.



Nous remontons tranquillement vers le nord. Un Front froid vient de passer et le temps est perturbé. Heureusement le vent reste raisonnable.




- Epi.

Ca y est, le temps s'arrange enfin. Nous arrivons à Revoileux Bay en fin de journée. Nous mouillons dans huit mètres et c'est du sable noir. L'eau est comme un lac, quel bonheur.

Le lendemain à 7h, un long coup de sirène nous sort du lit, c'est le bateau ravitailleur qui termine sa manœuvre d'approche. Curieux comme tout, nous sautons dans l'annexe nous mêler à la foule.

Jacques vient à notre rencontre et nous explique que le bateau passe toutes les semaines en allant d'île en île, de Efate à Espiritu Santo. Planches, tôles, gasoil, nourriture, matelas… sont débarqués et une famille part pour un mariage à Embryn en emportant des cochons, bananes, tarots, patates douces, ignames etc…



Quelques milles plus au nord, nous découvrons Lamen Bay. De toute évidence, la vie est très très dure ici.

Il y a là un grand village, mais les habitants sont habitués aux touristes et ne nous prêtent aucune attention. Pourtant c'est bien à Lamen Bay que nous ferons une rencontre rare et magique …

avec un Dugong.

Un matin, en allant au marché, nous apercevons un drôle d'animal qui respire en surface. Ni une ni deux, le cap'tain saute à l'eau avec son compact étanche et se retrouve à nager en compagnie d'une créature étrange et pacifique… Instants magiques.



- Malakula

Au sud de Malakula, le mouillage d'Awei est isolé de tout. Une barrière de corail nous protège de la houle et le plan d'eau est lisse comme un lac. On a l'impression d'être au bout de nulle part. Quelques pirogues passent le matin et rentrent le soir, signe que les jardins ne sont pas loin.

Nous aimons nous promener dans ces endroits déserts et sauvages.

Nous découvrons un village désert sur la petite île d'Awei. Tout est propre et arrangé avec goût, comme toujours au Vanuatu.



Quelques milles plus au nord et nous voilà à Port Sandwich. C'est une baie étroite et profonde de plus de trois milles : Un bon trou à cyclone. Nous y rencontrons deux familles Ni-Van particulièrement gentilles.
Au fond de la baie, une famille habite tout près du mouillage. Nous allons les saluer avec deux carangues fraîchement pêchées. Le papy est un peu sourd et ne parle pas vraiment l'anglais et de toute façon, il doit s'occuper des vaches mais John, Michel, David et Pascal avec les trois petits nous accueillent avec beaucoup de chaleur. Ils nous offrent plein de fruits et légumes… Beaucoup trop contre deux poissons. Du coup, nous allons chercher quelques feuilles de tabac, un demi pain tout chaud et 10 m de corde.

Au Vanuatu, l'emballage roi est la feuille de bananier. Nous ouvrons délicatement les nôtres et découvrons le contenu. Il y a là trois gros choux chinois et un bouquet de cives sans compter les bananes, les pamplemousses, les œufs… Merci les amis… Nous replions les feuilles qui les garderont frais quelques jours et préparons une grosse omelette… Bon appétit…



Au milieu de la baie, au sud de planter Point, Rock et Noëlla accueillent les voiliers de passage. Ils sont vraiment très heureux de nous recevoir.
Nous pouvons échanger des livres, faire le plein d'eau, prendre des douches et tout ça gratuitement. Ils font aussi restaurant et pour 5OO vatu (4€) on s'y régale. Une adresse à ne manquer sous aucun prétexte.


- Espiritu Santo.

Après avoir fait notre sortie officielle du Vanuatu à Luganville, nous repassons dans l'illégalité une dizaine de jours pour découvrir le Nord du pays. Première étape : Peterson Bay.

L'endroit est plutôt couru. Onze canotes au mouillage, il y a longtemps qu'on n'avait pas vu ça. L'entrée est délicate à zigzaguer entre les patates avec peu d'eau, mais une fois dans la baie, l'abri est parfait. Miracle, nous recevons le signal Wifi d'un hôtel et c'est gratuit…

Nalaiafu river serpente dans la mangrove, et si nous allions voir ça d'un peu plus près.

A l'embouchure, nous contournons quelques rochers, passons sous un vieux pont, puis remontons tranquillement le courant. Nous regardons, écoutons… Ce n'est ni plus ni moins qu'une rivière…
Au fil de l'eau, l'ambiance change. Il n'y a plus un souffle de vent. L'eau est de plus en plus claire. De grandes plaques d'herbes aquatiques flottent et le chenal devient peau de chagrin. L'eau est maintenant cristalline, presque métallique. Nous glissons sur une eau si transparente que c'en devient féerique. Au détour d'un virage, nous arrivons à la source : Un trou bleu de 30 m de diamètre et de 20 m de fond d'où coule la source. C'est tout simplement magique.

Tout ça vaut bien un p'tit plouf.


Nous voici maintenant à Port Olry qui est un grand village français. Nous y resterons bloqués quelques jours et pour cause : Il n'y a pas un pet de vent. Nous mouillons devant le village et allons nous balader.
Nous sommes surpris par le nombre de bovins qui galopent sur la plage et aux alentours.




Un groupe de Ni-Van porte une carcasse de bœuf et commence à la débiter sous un petit abri. C'est une charolaise élevée sur un petit îlot réservé à cette race et qui a été apportée par des missionnaires français.
Ils la préparent pour une fête religieuse. Nous discutons un bon moment et ils nous offrent un gros morceau de viande… Merci les amis, nous allons nous régaler et en faire quelques conserves.



Nous changeons de mouillage et allons sous l'île des charolaises. Le site est exceptionnel et nous sommes seuls… Un p'tit coin de Paradis.

Nous paressons avec délice en attendant que le vent revienne. La belle vie quoi...
Le premier novembre toute une bande de jeunes viennent passer la journée sur l'île… Et bien sùr, nous allons à leur rencontre.

Ils rentrent en fin de journée et nous retrouvons notre solitude avec plaisir.



- Les Banks.

Cinq heure du mat : Bip.. Bip.. Bip.. Branle bas, tout le monde sur le pont… Nous appareillons pour Pwetevut sur l'île de Gaua (Santa Maria) …
A 16h30, l'ancre croche dans du beau sable noir après une navigation des plus tranquilles. Quelques pirogues passent nous voir… - Oui, demain matin nous viendrons au village… Bonne nuit, à demain…


Le lendemain à 10h nous accédons au village par un sentier à flanc de falaise. William nous accueille et nous fait visiter. Ici personne ne parle français.
Le village semble en excellent état… Et pour cause. Il y a 18 mois, le volcan est entré en éruption et le village à dù être évacué en urgence. Quand les villageois sont revenus trois mois plus tard, il ne restait que des ruines. Les maisons, les jardins, tout était détruit. Les vaches, les cochons et les poules s'étaient enfuis dans la montagne, ne restaient que les chiens. Tout le monde s'est retroussé les manches pour reconstruire le village, planter des arbres fruitiers, travailler la terre, essayer de retrouver quelques animaux. Aujourd'hui, bien sùr, il reste pas mal de boulot mais le village est agréable et superbement bien placé. Du haut de la falaise il domine la baie, c'est très beau.


William réunit six femmes et nous descendons à la rivière pour un concert de water-music.

Et à frapper l'eau avec les paumes et les bras, ces femmes font de la bonne musique. Le rythme, les sonorités multiples aux consonances aquatiques, c'est étonnant et fascinant. Nous payons ce concert surprenant en farine, sucre, corn beef, huile… et donnons des crayons, des cahiers, des médocs, du matériel de pêche contre des fruits et légumes. Tout le monde est ravi… Très belle escale…


Le 7 novembre 8h30, nous levons l'ancre pour Waterfall Bay sur l'île de Vanua Lava. A peine arrivés, les pirogues défilent pour troquer quelques fruits contre des vêtements, des cahiers, des chaussures… Ils sont tellement isolés aux Banks que ce troc est le bienvenu.

Nous sommes dans un village traditionnel et la première visite est pour le chef. Nous discutons un bon moment avec lui. Il s'appelle Kerely. Il nous fait un petit speech et nous donne les bases comportementales sur son domaine.


Waterfall Bay porte bien son nom. Le site est magnifique, mais il est très difficile de débarquer car il y a du corail à fleur d'eau partout.



Le temps n'est vraiment pas au beau fixe en ce moment. Une onde tropicale nous embête un peu et les passages de grains sont fréquents. Nos aimerions aller à Ureparapara, mais le vent d'Est est trop fort et le mouillage risque d'être rock and roll.

Ca y est, le temps semble s'arranger Nous sommes déjà le 10 novembre et la saison avance. Les cyclones ne sont pas loin. Je n'ai plus envie de traîner dans le coin, une petite traversée sera la bienvenue. Cap sur les Salomon, 530 milles au Nord-Ouest. Le vent devrait être faible sur une bonne partie du parcours, on en aura certainement pour une bonne semaine de mer…

Voyage en voilier.