Les Tuamotu.
 
Carte

Samedi 21 Aout, 11 heures. Nous quittons "Les Belles Marquises" pour les Tuamotu. Cap au 215°. Nous avons 530 milles à parcourir. Quatre jours plus tard, l'Atoll de Kauehi est en vue. La traversée a été rapide et dynamique avec du Sud-est force 4 à 6 et une mer courte et inconfortable. A cette allure "Julo" marche du tonnerre à plus de 5,5 nœuds de moyenne.


Les Tuamotu n'ont absolument rien à voir avec les Marquises… Et pourtant…. Ce sont 78 atolls coralliens d'au maximum 5 mètres d'altitude et de taille très variable. Le plus grand, Rangiroa pourrait entourer l'île de Tahiti avec ses 180 km de périmètre tandis que Tupai ne mesure que 15 km de circonférence. A l'intérieur, les lagons sont truffés de patates de corail et ne sont que partiellement hydrographiés… Et pourtant… Il y a 50 millions d'années, les Tuamotu c'était comme les Marquises : De hautes montagnes volcaniques. Au fil des millénaires, le corail a colonisé le pourtour de ces îles qui se sont affaissées par l'érosion et enfoncées sous leur poids jusqu'à disparaitre, ne laissant que la barrière de corail à fleur d'eau. Incroyable mais vrai, nous pouvons, en Polynésie Française visualiser l'évolution géologique en comparant les jeunes Marquises ( 17 M d'années) avec les îles de la société ( 25 M d'années) qui sont partiellement enfoncées et entourées d'une barrière de corail et les superbes atolls des Tuamotu ( 50 M d'années).



11h, nous sommes devant la passe. C'est l'heure de basse mer de Makemo, atoll situé 100 milles au Sud-est et seule référence de notre logiciel de marée dans cette partie des Tuamotu. La correction temps devrait être minime. J'estime l'étale de marée entre B.M. +15 et +30 minutes. Nous approchons prudemment. Les passes sont réputées difficiles. Nous remarquons une petite barre de brisants coté lagon. Le courant est donc rentrant et contre le vent. Nous sommes arrivés un peu tard. Tout cela n'a pas l'air bien méchant… Aller, moteur et en avant toute.
La barre approche. En quelques instants nous sommes dans la marmite du diable. Un gros clapot merdique arrête quasiment le bateau. Ca tape devant, derrière, sur le côté, mais heureusement rien de dangereux. Une petite demi-heure à se faire chahuter et nous retrouvons l'eau calme du lagon. Les doigts dans le nez mon cap'tain…



Kauehi

Kauehi est un atoll de moyenne importance peu fréquenté des voiliers. La passe est courte et facile. Le village, Tearavero, est construit sur une petite avancée de terre. Trois mouillages permettent de trouver un abri pour les vents de secteur Nord à Sud-ouest. Le lagon est navigable dans sa totalité, notamment sous le vent de la côte Est et jusqu'à l'ancien village tout au sud. Non seulement l'atoll est superbe, mais les habitants sont gentils et accueillants. Nous y avons passé trois semaines : Trois semaines au paradis.

Sept rémoras ont élu domicile sous le bateau. Ces poissons se nourrissent de déchets et peuvent se coller sous la coque par une ventouse qu'ils ont sur le dessus du crâne. Ils se fixent généralement sur de gros poissons, des tortues, des cétacés. C'est une sorte de troc : tu me transportes et je te débarrasse de tes parasites.



Les Paumotus de Kauehi sont d'une gentillesse incroyable. Ils aiment offrir. Nous recevons des colliers, du poisson, un chapeau, des perles, ils nous baladent… L'accueil est très proche de celui des Marquises et nous nous sentons bien.


Aujourd'hui, nous allons visiter la ferme perlière d'Andréa. La plupart des perles noires sont produites aux Tuamotu. Les techniques d'élevage des huîtres perlières (Pinctada Margaritifera) sont essentiellement basées sur l'immersion à faible profondeur de cordages suspendus par des bouées et accrochés sur les fonds sablonneux ou coralliens par des corps morts. C'est ce que l'on nomme les cultures en suspension. Les longueurs de cordes et les supports utilisés sont variables, de la simple corde sur laquelle sont attachées une dizaine de nacres jusqu'aux paniers sophistiqués permettant de contenir une grande quantité de nacres. La ferme d'Andréa est de moyenne importance.

Les huitres sont élevées 30 mois avant la première greffe. Beaucoup de fermes emploient des greffeurs asiatiques, mais ici, la fille ainée à été formée, c'est donc elle qui officie. Le principe de base consiste à introduire à l'intérieur de l'huître perlière, dans un appendice contenant peu d'éléments vitaux pour l'animal, une bille de nacre, le nucleus et un gréffon qui n'est autre qu'un fragment du manteau prélevé sur une huître sacrifiée. Chaque opération, greffe , ne dure pas plus de 15 secondes. Les greffeurs opèrent entre 350 et 450 nacres par jour. L'opération est très délicate et les taux de rétention varient entre 50% et 80%, en fonction de la qualité des greffeurs, de la température et de la qualité des huîtres perlières. Certaines nacres peuvent êtres greffées 3 à 4 fois.
Immédiatement après l'opération, les huîtres sont placées dans des paniers de rétention. Ceux-ci serviront pour contrôler le taux de succès de la greffe au bout de 45 jours. Les huîtres qui ont conservé le nucleus sont percées et attachées avec un nylon sur une cordelette à raison de 20 nacres par corde. L'élevage de la perle peut enfin commencer. Il faudra deux ans à la nacre pour faire une Perle.
Des huitres réformées on récupère la coquille qui est ensuite travaillé pour en faire de beaux bijoux et on déguste la noix qui est d'ailleurs très prisée à Papeete. Un simple filet de citron, c'est un régal.


Nous profitons d'une période de beau temps pour passer une semaine dans le sud de Kauehi. Nous longeons le récif en slalomant entre les patates de corail pendant une dizaine de milles et allons mouiller devant le motu Mahuehue.
A mi-route nous repérons de grosses éclaboussures à deux miles sur l'avant. Des dauphins s'écrie le cap'tain…. Un peu gros pour des dauphins tu ne trouves pas ? Deux belles baleines à bosse s'en donnaient à cœur joie… Et vas y que je tape l'eau avec ma nageoire pectorale … Que penses-tu de mon petit sot ? Attend, je recommence…. Nous sommes surpris de voir ces énormes cétacés dans un lagon. Nous essayons de les approcher mais elles prennent la poudre d'escampette.
Ici, nous sommes seuls au monde. C'est d'une beauté irréelle. Côté large, le corail est rouge. La mer est calme et nous faisons de longues promenades sur le platier tout près du tombant. Nous admirons le corail multicolore, les perroquets qui nous passent presque entre les jambes. Nous nous faisons peur avec les requins pointe noire (gentils et très peureux) qui sont si nombreux par ici. Les bénitiers nous fascinent avec leurs lèvres de toutes les couleurs. Nous voyons pour la première fois des oursins crayon et nous ramassons des  « Maoa » pour le repas du soir.



Le bateau rythme la vie des villages Paumotu. Ici, il n'y a pas grand-chose. Une petite épicerie, un dépôt de pain, un peu de quincaillerie… Tout le reste est commandé à Papette et arrive par Le Bateau, c'est dire l'effervescence qu'il y a sur le quai.


Le copra qui fait vivre bien des familles est acheté et chargé dans les soutes. Le Bateau fait aussi office de magasin. Il est possible d'acheter des fruits et des légumes et des produits congelés, le tout à un prix exorbitant. . Nous avons commandé 2 kg de tomates, 3kg d'oranges, 12 carottes 10 concombres et 3 choux pour 60 €.
Les Paumotu se nourrissent très mal. Ils se contentent de ce qu'ils ont : La coco, le poisson, un peu de tortue, du chien, des bénitiers, des Maoas, du riz, des sodas, de la bière… d'où de réels problèmes d'obésité et de carences alimentaires




Pêche aux bénitiers à Fakarava.

Julo sous un grain à Fakarava.

Le 14 septembre, nous partons pour l'atoll de Fakarava puis le 28 pour Toau. Finalement, les atolls des Tuamotu se ressemblent beaucoup et nous ne ressentons pas le besoin d'en visiter d'autres.

Prise de vues animalière à Fakarava.

A l'anse Amiot sur L'atoll Toau, tout le monde s'y met pour pêcher le perroquet sur le platier. Les filets sont levés puis ensachés pour être vendus le lendemain sur l'atoll de Fakarava. Les polynésiens adorent le poisson perroquet cru et tout part en quelques minutes…
Les pièges à poisson sont pleins à longueur d'année. Gaston y trouve une grosse murène, quelque fois même un requin qu'il faut tuer. Pour nous aujourd'hui ce sera de belles carangues.


Mercredi 6 octobre, nous partons pour l'ïle de Tahiti 220 milles plein Ouest.
Voyage en voilier.